BERNANOS, SE DONNER À VIVRE LES RÊVES

(…) Elle s’est retournée vers la ruelle, et il ose maintenant la regarder à travers de vraies larmes. Qu’elle est jeune encore – à quarante ans – et blonde ! Comment ! il l’a aimée un an, peut-être deux, ils ont vécu côte à côte, ô stupeur ! et pour la première fois il s’aperçoit qu’elle a été sous le même toit une étrangère. D’où revient-elle à présent, la vagabonde ? Quelle trame inconnue a-t-elle achevé de tisser, la petite main de cire, qui frémit à peine sur le drap, inoffensive, sa tâche accomplie ?… « Reste là, dit-elle, reste là toute la nuit. Je ne te vois plus. Il y a d’ailleurs une grande étendue d’eau, poursuit-elle avec beaucoup de gravité, ce doit être un lac. Impossible d’aller plus loin pour aujourd’hui. Attends… Attends que je me penche… Tiens-moi ferme ?… Oh ! Oh ! Oh ! » Elle se penche en effet, puis elle se rejette en arrière, avec un gémissement contenu, profond, plus terrible que le cri. « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Hélène… bredouille naïvement l’éminent maître… Allons ! Allons ! calmez-vous ! » Elle pose sur lui…

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Bernanos (Georges), Madame Dargent, La Pléiade, septembre 2015.

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